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Moutiers-au-Perche,
département de l'Orne, arrondissement de
Mortagne-au-Perche, canton de Rémalard. Superficie,
3361 hectares; aujourd'hui 532 habitants (992 en1912).
Les Ermites
Le premier indice historique est un fait religieux :
l'instalation à Corbion de l'ermite saint Lhomer au
VIe siècle. En effet la christianisation des
campagnes aux VIe et VIIe siècles fut l'¦uvre des
moines solitaires et d'une catégorie de moines, les
ermites (qui vivent dans la solitude) ou anachorètes
(qui se mettent à l'écart). Les
ermitess'avancent dans les forêts encore très
vastes (silva ou saltus) et les lieux
écartés pour y trouver l'isolement propice
à la recherche de Dieu et à l'imitation de
Jésus-Christ. Ceux qui s'installent se mettent
à défricher autour des lieux d'implantation
(clairières, fonds de vallée où la
terre est plus facile à cultiver). Ils restent
rarement seuls : des disciples arrivent ainsi que les
paysans des environs. Ils commencent
l'évangélisation des campagnes devenant
"des espèces de curé de campagne".
Origine de Corbion
L'histoire des origines de Corbion (qui deviendra
Moutiers) est à placer dans ce cadre de
l'évangélisation des campagnes aux VIe et VIIe
siècles par les ermites et les moines.
Les sources hagiographique nous disent que Lhomer
(Launomarus, Laumer, Lomer) était un
ermite originaire de Chartres (VIe siècle) où
il faisait partie, semble-il, de l'entourage de
l'évêque. Son errance est marquée par
les noms de lieux qui ont gardé son souvenir.
Belhomert (le bienheureux Lhomer), le Pas-Saint-Lhomer (le
passage de Saint Lhomer), la Fontaine Saint Lhomer à
la Madeleine-Bouvet.
L'abbaye de Corbion pendant le haut Moyen Âge
(VIe-IXe siècle)
La première période de l'histoire de ce
lieu (Corbion-Moutiers) est représentée par la
fondation d'un ermitage qui devient une abbaye
bénédictine située dans le fond de la
vallée au lieu-dit l'Abbaye, près de la mairie
actuelle. il ne reste rien de cette époque ce qui
n'est pas étonnant, l'ermitage primitif devait
être constitué de cabanes de branchages
feuillus, l'abbaye qui prend la suite devait avoir des
batiments et une église en charpente.
Cette abbaye fut détruite en 872/875 par un raid
viking peut-être venu par la vallée de l'Eure
toute proche, les hauteurs à l'est de Moutiers
servant de ligne de partage des eaux entre le bassin de la
Seine et celui de la Loire. Cette incursion
dévastatrice révèle que le
monastère était considéré comme
riche, les pirates normands ne se trompant guère
à ce sujets. Les moines de Corbion s'enfuirent
emmenant avec eux le corps ou les reliques de saint Lhomer.
Ils se dirigèrent d'abord sur Avranches puis Le Mans
avant de gagner Blois ou ils fondèrent à la
fin du IXe ou au début du Xe siècle l'abbaye
de saint Lhomer, important et illustre monastère, ce
qui montre bien le rang qui était celui de l'abbaye
mère de Corbion.
Après cet épisode guerrier, c'est le silence
sur Moutiers pendant deux siècles au moins, mais le
souvenir du lieu béni devait être
conservé à l'abbaye de Blois puisque c'est de
là que vint la renaissance.
Le prieuré de Moutiers (XIIe-XVe
siècle)
La deuxième période de l'histoire commence
au début du XIIe siècle avec la fondation
à Corbion d'un prieuré dépendant de
l'abbaye de Blois. C'est aussi à ce moment queCorbion
devient Moutiers. Le nom vient normalement de monasterium
signifiant monastère; mais "Moutier" en ancien
français étant synonyme d'"église",
"Moutiers " au pluriel voudrait donc dire "les
église". Il y aurait donc eu, à cette
époque, une église du prieuré, au fond
de la vallée et un église paroissiale au
sommet du villege sur le coteau oriental. Cette
dernière est por l'essentiel l'église romane
que nous connaissons. Nous savons par ailleurs que le comte
du Perche, Rotrou III le Grand ( le fondateur de la trappe
en1122) autorise à ce moment les moines de Saint
Lhomer de Blois à revenir à Corbion-Moutiers
pour y fonder un Prieuré.
L'instalation d'un prieuré à Moutiers, au XIIe
siècle, se fait portant dans un contexte tout
à fait différent de celui de la fondation de
l'abbaye par saint Lhomer au Ve siècle. Il ne s'agit
plus d'un contexte religieux mais d'un contexte avant tout
économique où la religion vient au second
plan. Les prieurés aux XIe-XIIe sièclessont,
dans les seigneuries écclésiastiques, les
équivalents des châteaux,dans les seigneureries
laïques. Le but est le même : mettre la main sur
les bénéfices agricoles.
A partir de la moitié du XIIIe siècle, la
conjugaison de la crue démographique, les limites de
la croissance agricole, la peste noire de 1348, la guerre de
cent ans avec les deux occupations anglaises, la bataille de
Verneuil en1424 (disparition de l'aristocratie percheronne)
tout se dégrada et il ne reste pas grand chose du
prieuré médiéval de Moutiers si ce
n'est une tour de la fin du Moyen Âge (Le Moulin,
touchant la mairie actuelle).
Le prieuré de Moutiers dans les temps modernes
(XVIe-XVIIIe siècle)
La troisième période de l'histoire
de Moutiers commence à la fin du XVe siècle et
s'étend surtout aux Temps modernes qui sont
marqués, dans cette région, par de nouveaux
progrès agricoles et industriels, notamment dans la
culture des plantes textiles et dans la métallurgie
du fer. Après la guerre de cent ans et
l'élimination de la noblesse, les veuves des
aristocrates avaient du se résoudre à
épouser des paysans et qu'ainsi une nouvelle noblesse
avait vu le jour. A la faveur de la dernière
croissance économique, cette classe en pleine
jeunesse s'enrichit rapidemment. La meilleure illustration
de ce dynamisme est l'éclosion a cette époque
des nombreux et magnifiques manoirs du Perche (XVe-XVIIe
siècle) qui remplacèrent probablement les
anciens châteaux seigneuriaux : La Vove,
l'Angenardière, Courboyer, Ceton (Prez et la Barre),
Maisons-Maugis, Pontgirard, Boiscordes, la
Moussetières, etc. En architecture religieuse, la
Renaissance se traduit par des chefs-d"¦uvre comme
Notre-Dame-de-Pitié à Longny, mais aussi par
des transformations et des embellissements. C'est le cas,
à Moutiers où l'église fut agrandie par
l'ouverture de bas-cotés au nord et au sud et
enrichie par des statues, des retables, des peintures et
surtout par un orgue dont certains jeux peuvent remonter au
XVIe siècle. Cet orgue est un des plus anciens de la
région et même de France. Tous ces chagements
dans l'église sont bien la preuve de la
prospérité que connurent à cette
époque Moutiers et le Perche.
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